Intouchables **
Intouchables n'est pas un film très bien réalisé. Intouchables est molasson en ce qui concerne les cadrages, scolaire pour son montage.
Et pourtant, il y a dans ce film quelque chose de plus que dans (prenons un exemple tout à fait au hasard) Bienvenue chez les ch'tis, qu'il peut encore dépasser au box office.
Peut être quelque chose de plus dans l'écriture, inspirée d'une histoire vraie. Le scénario est inspiré, et même s'il est bourré d'ellipses pas toujours bien assimilées par le spectateur, il se suit agréablement.
Malgré l'invraissemblance de la situation, on croit à cette situation d'initiation. Les deux personnages sont attachants et leur lien affectif est très bien retranscrit, entre engueulades et moments d'intimité où les mots ne comptent plus, et où les regards font le maximum. Ce sont ces séquences qui forment la vraie réussite d'Intouchables. Lorsqu'Omar se tait enfin, pour laisser parler l'image, pour que le cinéma prenne toute sa force.
Cette première séquence toute en regard, le monde extérieur défilant sur la vitre instaure cette ambiance magique, elle est la plus réussie du film. On y parvient encore lors de cette méditation à deux sur la Seine, ou sur la route du parapente.
Et cela ne serait encore rien sans la prestation débordante de nos deux comédiens principaux. Si Omar est toujours juste, François Cluzet est juste bouleversant d'émotion retenue, dans la redécouverte des joies du monde.
Quel dommage alors, de gacher la plupart du temps un si beau potentiel. Pourquoi n'avoir point insisté plus sur ces passages silencieux, sur l'expression des regards, des émotions plus profondes que le festival de gag de Omar. Si quelques séquences parviennent à acquiérir une dimension supplémentaire, le film reste hélas trop vampirisé par son acteur, et son débit insensé de connerie.
Intouchables n'est pas imbuvable, mais reste malheureusement trop dans le creux de la vague. Le fait qu'il ait tenté de s'en extirper, plutôt que de rester dans le vaudeville, lui fait gagner une certaine dimension supérieure, mais brosser le spectateur dans le sens du poil le fait retomber inexorablement. Drole mais oubliable.