Retour sur... La saga Harry Potter !
Voilà, c'est fini.
10 ans après les premiers pas d'Harry Potter à Poudlard, on assiste enfin la fin de ses aventures.
Si la saga n'a pas toujours été passionnante, elle a su suivre, malgré les changements permanents de réalisateurs, un fil conducteur logique et cohérent.
Harry Potter à l'école des sorciers **
Harry Potter et la chambre des secrets ***
Chris Colombus nous fait le premier découvrir Poudlard. Il en fait un refuge contre le mal et l'incompréhension dont est victime Harry, mais aussi un labyrinthe aux milles dangers. Cette célébration du courage enfantin, face aux dangers naissants, dont une rivalité croissante avec le jeune Drago Malefoy, ne s'encombre d'aucun artifice adulte. L'image est sobre et sans grand travail artistique, le montage ne fait que représenter une suite de scènes. On juge encore par les actes, le manichéisme accompagne les premières découvertes.
Le second volet se caractérise néanmoins par un ton légèrement plus sombre, puisque la menace même est à Poudlard, où Harry ne semble même plus en sécurité. Celui ci se révèle également plus sombre qu'auparavant et la rivalité avec Drago Malefoy bat son plein. Harry découvre avec ses yeux d'enfant les méfaits de l'argent sur les individus. La façon dont ces sujets sont traité à l'écran atténue néanmoins leur impact aux yeux des enfants, qui n'ont d'yeux que pour les personnages hauts en couleur, comme le professeur Gilderoy Lockhart.
Harry Potter et le prisonnier d'Azkhaban ****
Mais Harry va devoir grandir, et Alfonso Cuaron passera par là.
En s'éloignant nettement de la trame du roman et en écartant sèchement tous les passages du livre rappellant trop cette candeur, il consacre son film à la découverte de la peur authentique, symbolisée par les détraqueurs.
Aidé du professeur Lupin, puis de Sirius, un loup garou et un criminel présumé, il commence à comprendre que dans ce monde, tout n'est pas que semblance.
Il franchit le premier cap, la découverte du mensonge. Le paroxysme étant cette scène de la cabane dans laquelle la vérité sur Lupin et Sirius est dévoilée.
Mais Harry et Hermione découvrent également qu'ils peuvent avoir une influence sur les évènements et découvrent comment faire le bien, et sauver des vies.
Rogue, au delà de sa dimension de père Fouettard des deux premiers volets, acquiert lui aussi un statut plus profond, ses relations d'enfance rejaillissant à la surface.
Le récit acquiert également une cohérence visuelle. La beauté de l'image bleutée, le montage soulignant enfin les émotions des personnages, et la musique plus profonde et moins manichéene, contribuent à souligner le fait que quelque chose a changé.
Harry Potter et la coupe de feu ° (navet)
Mike Newell arrive à un nouveau moment charnière. Harry et Ron ont bien grandi entre le second volet et le sien, le spectateur découvre leur changements physiques, Emma Watson commençant doucement à devenir une jolie fille, tandis que ses deux compères deviennent de plus en plus moches. La puberté qui les frappe rejaillit dans leurs relations.
Une marche arrière est enclenchée, et la puérilité de l'adolescence frappe nos trois jeunes gens, qui découvrent les affres des débuts du désir.
Ron souffre le plus de sa nature masculine, la jalousie le frappe par rapport à son ami qui, mit en lumière par le tournoi, lui chipe toute la gloire. Les querelles adolescentes (vis à vis du sport) débutent, mélées d'un soupçon de jalousie, principalement vis à vis de Cédric Diggory qui, non content d'avoir battu l'équipe de Quidditch de Gryffondor l'année précédente, pique à Harry la fille qu'il convoitait. Victor Krum est également jalousé pour son succès auprès des filles ainsi que pour son talent.
Même Hermione, qui semble pourtant opposés à ce déferlement d'hormones, finit par tomber dans les bras de la brute virile Krum.
A la découverte de leur nature sexuée s'ajoute également la première vraie expérience avec la mort. Harry découvre qu'on peut le frapper n'importe où, et le pourtant si talentueux Cédric Diggory meurt assassiné sous ses yeux.
Voldemort revient d'entre les spectres pour faire planer sa terrible menace sur le monde.
La noirceur cheap imposée par le tacheron Mike Newell, ainsi que son schéma narratif simpliste, concentré sur les trois taches, rend affreusement à l'écran, mais il est le premier à introduire un vrai spectacle digne d'un grand blockbuster.
Harry Potter et l'ordre du Phoenix **
Yates sera le quatrième et dernier metteur en scène à s'intéresser à la saga Harry Potter.
Le cinquième volet marque la première invasion de Poudlard par une force totalitariste. Cette nouvelle donne est d'autant plus déstabilisante qu'elle est instaurée dans un cadre légale.
Elle est cependant traitée avec un aspect très ludique, signe que la nouvelle autorité n'est finalement considérée par les élèves que comme une autorité enseignante de plus, forcément assimilée à ces "maudits profs".
Harry et Dumbledore, ayant fait l'expérience du retour de Voldemort sont traités avec incompréhension et rejet, l'un doit s'enfuir, et l'autre est regardé de travers même par ses amis les plus proches, à part ses deux intimes Ron et Hermione.
Rogue acquiert encore une dimension supplémentaire, avec la découverte du passé de Harry. Celui ci affronte enfin le monde dans toutes ses nuances, découvrant s'il le fallait encore que chacun peut faire des erreurs, et que celles ci peuvent avoir des conséquences dramatiques.
Ce volet parfaitement transparent marque la fin de l'insouciance officieuse, puisque chacun sait qu'il risque la mort en permanence.
Harry Potter et le prince de sang mélé ***
Le sixième volet est ainsi un grand cri de peur de la part de tout le chateau.
La menace est maintenant présente, et chacun en est conscient. Tous les résidents de Poudlard s'investissent alors dans une course effrénée à la procréation, réaction classique face au danger, que de se réfugier dans une insouciance de façade.
Les émotions humaines les plus viles remontent à la surface, tant chacun recherche le meilleur partenaire possible, cherchant si possible à le ravir à un autre.
L'appogée précède la chute, et la cruelle fin est la fin du mythe Poudlard. Plus personne ne sera en sécurité nul part. Drago Malefoy lui même tente d'assassiner Dumbledore, qui sera finalement tué par Rogue, symbole plus que jamais de toutes les nuances du monde.
Le travail visuel de Yates trouve un aboutissement dans une splendide photographie sombre et désenchantée, et un montage qui sait enfin coller aux émotions.
C'est dans ces conditions qu'on aborde le dyptique final. Critique très bientôt !