Blackthorn ****

Publié le par fragments d'âme

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Le western est un genre qui, malgré des réussites récentes unanimement vantées (3h10 pour Yuma, L'assassinat de Jesse James...), ne m'aura jamais attiré dans ses salles (le western le plus récent que j'ai vu étant Impitoyable, je n'étais pas né).

Et il vient de connaitre probablement l'un de ses plus beaux joyaux depuis le chef d'oeuvre de Clint Eastwood.

 

On retrouve au début de Blackthorn un Butch Cassidy vieillissant, qui aurait réchappé du carnage supposé lui avoir couté la vie en 1908 en Bolivie. Il vit paisiblement dans son ranch, avec sa maitresse, ses potagers et ses animaux. Mais l'appel d'un neveu qu'il n'a jamais connu, fils d'une dame qu'il n'aura pas pu revoir une dernière fois, va le contraindre à quitter cette vie, et à chevaucher vers les Etats Unis.

 

Blackthorn raconte l'histoire de cette chevauchée, l'ultime de Butch Cassidy, comme le sous-titre pompeusement l'affiche. 

C'est l'histoire d'un homme fatigué par sa vie de crime, qui repart pour un dernier voyage, vers la repentance, et l'espoir de rentrer chez lui.

Il a la malchance de croiser sur sa route un jeune espagnol, poursuivi par une horde de chasseurs de prime pour avoir volé l'or d'une ponte locale.

Pour se débarasser de ses poursuivants, ils se lancent dans une chevauchée dans laquelle Butch répendra encore le sang.

 

Pour illustrer cette chevauchée, Mateo Gil revient aux origines du western, pour livrer une vision parfaitement épurée de tout ses détails "spaghetti" malvenus, ne laissant que l'essentiel, une histoire forte, et des plans d'une beauté spectaculaire.

L'histoire est simple, le récit fluide, le rythme contemplatif.

Le réalisateur laisse tout le temps à ses cadres de respirer, et de communiquer leur beauté d'une luminosité aveuglante à l'écran.

 

En se servant de flashback, rappelant la cavale de Butch et Sundance Kid, il appelle directement à lui toute la force de l'imaginaire de l'ouest, en même temps qu'il apporte un cadre touchant à la chevauchée de Butch Cassidy. L'appel de son neveu, à la lumière du souvenir des parents du garçon, prend une teinte nostalgique forte, et la dernière chevauchée, symbolique, devient symbole de vie, d'espoir de vie.

 

Malheuresement, la réalité est toute autre, et Cassidy sera rattrapé par ses démons. Reconnu par un ancien détective qui le poursuivi jadis, poursuivi par l'armée, et les chasseurs de prime, la fin de Blackthorn le confirme. Qui a vécu par le revolver, perira par le revolver.

 

La violence omniprésente, et jaillissant où on ne l'attend pas (les deux femmes au service de Patinho) montre qu'aucune repentance n'est possible au regard des crimes du passé, et ce n'est pas une dernière bonne action aussi dérisoire qu'inutile, qui permettra au Cassidy de sauver son ame. Il ne fait que recommander une autre ame au diable, fuyant presque lachement ses devoirs, et condamnant un jeune homme plein d'espoir à payer pour ses crimes. Il cède à l'armée la partie sombre et avare de son être, mais il n'en sera pas moins poursuivi jusqu'à sa mort.

 

Enchainé à la réalité de sa débauche, les dernières images le montre tel une racine de la terre, aussi puissant vieux, jetant un regard en arrière, que jeune et plein de vie, auprès de ses compagnons, mais non moins destiné à une mort sans gloire.

 

Pour incarner ce monolythe fatigué, Sam Shepard s'avère royal. Aussi visiblement vieilli que fort et orgeilleux, il donne à son personnage tout le caractère et la force tranquille de l'âge mur. Il est magnétique.

A ses cotés, on remarque la présence d'un acteur qui apporte son sang chaud hispanique à son personnage. Le bel ibérique Eduardo Noriega est aussi cynique qu'impitoyable, il interprète à merveille ce jeune insouciant.

Publié dans Cinéma 2011

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P
<br /> Il y avait longtemps qu'on avait pas vu un aussi beau western. Après le récent "The proposition" qui se passait en Australie, Mateo Gil prouve que le western peut s'adapter à d'autres horizons que<br /> l'ouest américain. S'inspirant des westerns crépusculaires des 70's (Pat Garrett et Billy le kid entre autres), il signe là un très beau fim, habité merveilleusement par le trop rare Sam Shepard.<br /> La bonne surprise de cette fin d'été.<br /> <br /> <br />
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